jeudi 27 août 2009

encore Google…

Le directeur de la BNF était bien entendu à la réunion de la CDNL hier à Milan.

J’aurais bien aimé lui causer un brin sur la rumeur d’entente imminente entre la BNF et Google.

C’est sans doute un sujet qui va beaucoup alimenter les conversations au cours de prochains mois. C’est quand même un peu curieux cette annonce à ce moment précis alors que tous le monde attend la décision de la justice américaine d’ici une semaine.

Advenant un revers de Google devant les tribunaux, l’avenir même du projet de la société américaine pourrait être compromis. Auquel cas, d’autres groupes pourraient alors se manifester pour prendre la balle au bond et offrir une alternative plus intéressante.

CDNL : quelques éléments

Mercredi avait lieu au Castello Sforzesco l’assemblée annuelle des directeurs de bibliothèques nationales (CDNL).

M. Guy Berthiaume, notre nouveau PDG y était. De plus, il y eu l’occasion, tout juste avant le déjeuner, de faire une courte présentation à propos du RFBNN.

Je l’accompagnais afin de veiller à ce que tout se passe bien côté technique et pour répondre à d’éventuelles questions.

Après les présentations d’usage, la journée a débuté par un retour sur la journée de mardi qui était dédiée à un séminaire sur la bibliothèque numérique (sur invitation, malheureusement).

La présidente a rapporté aux membres de la CDNL le sentiment d’urgence pour agir en affirmant “The future is now and if we do not meet the clients where they are, we might as well be dead”.

Je dois avouer que j’ai souvent entendu ce genre de réflexion tout au long de cette 75e édition du congrès de l’IFLA. On constate beaucoup la chose mais il y a encore peu d’action en ce sens. Faudra revenir là-dessus…

mardi 25 août 2009

Google Books : on aime ou on aime pas!

La dernière session de la journée fut très intéressante. Tout d’abord, un avocat (Jonathan Band, excellent) a présenté un résumé de la cause portée devant la justice américaine.

A savoir, est-ce que Google a le droit de numériser des collections entières de livres et si l’accord (settlement) conclu avec les éditeurs est valide.

En gros, les termes de cet accord sont les suivants :

  • couvre les livres dont la date d’édition < 5 janvier 2009
  • création d’une société de gestion de droits, le Book Rights Registry, BRR (un Copibec américain)
  • le BRR est composé de 50% d’éditeurs et 50% d’auteurs
  • Google défraie les coûts de démarrage du BRR
  • BRR représente tous ses membres et même ceux qui en sont absents.
  • ne couvre que les publications américaines ou les auteurs étrangers publiés aux USA.

Selon l’avocat, l’envergure de l’accord englobe environ 75% des oeuvres qui sont dans la zone grise (Twilight Zone pour reprendre son expression). Cette zone est composée des livres qui ne sont plus édités, les oeuvres orphelines et finalement, celles dont le copyright n’est pas clair.

Cette catégorie représente selon lui pas moins de 20 millions de livres alors que le représentant de Google (Dan Clancy, tout aussi excellent) parle d’un nombre au moins 5 fois plus grand.

l’impact pour les bibliothèques

Je vous passe les détails financiers de l’accord car ca ne touche que les États-Unis mais disons que si un accord semblable s’appliquerait au Canada, tout le monde en sortirait gagnant, et de loin…

Pour les bibliothèques publiques, il serait possible d’avoir un poste par localisation qui aurait une accès gratuit et sans restriction à Google Books.

Pour l’académique, cela pourra varier en fonction du nombre d’étudiants inscrits à plein temps.

Le représentant de l’IFLA demeure, quant à lui, réaliste. Il ne s’agit pas de signer un chèque en blanc à Google et il faut les garder à l’œil et voir qu’elle est la principale motivation de Google dans cette histoire.

  • bâtir une collection globale permettant une recherche exhaustive
  • construire un méga-magasin virtuel et battre ses principaux compétiteurs
  • participer à l’élaboration de la mise en commun d’un réseau partagé

Le représentant de Google étant avant tout un analyste informatique, on lui prête bien tout la meilleure volonté du monde mais il aurait été intéressant d’avoir un représentant commercial sur le panel pour avoir une tentative de réponse à cette question.

Comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions…

la suite

On en saura si l’accord est avaliser par le justice américaine le 4 septembre prochain. Il est encore à signaler que ca ne changera rien au Canada et comme l’a souligné avec humour le confrère Olivier Charbonneau, on pourra toujours aller faire un tour à Plattsburg pour aller consulter Google Books gratos…

dimanche 23 août 2009

IFLA 2009 : C’est parti

Bon, me voici à Milan. Je vous reviendrai avec certaines réflexions suite au séminaire satellite de Florence car il y a eu quelques bonnes interventions à propos du Web sémantique dont je voudrais vous parler.

C’est la première fois que je participe à ce congrès. J’y étais même pas allé l’an dernier. L’idée d’être avec 3000 bibliothécaires n’avait rien de réjouissant en soit.

Cette année, je dois dire que la perspective d’être en Italie combinée à un programme plus intéressant d’un point de vue techno m’a rapidement convaincu.

La session d’ouverture fut l’occasion d’entendre les discours habituels et remplis de remerciement convenues. Le tout fût entrecoupé de tableaux animés par des comédiens italiens qui, avec beaucoup de talent, réussirent à illustrer l’évolution du livre jusqu’à l’ère numérique en empruntant à la comedia dell’arte et au bel canto.

J’aurai dû prendre l’écouteur pour suivre la conférencière principale car j’ai eu bien du mal à suivre son anglais fortement teinté d’un accent italien.

Les bibliothèques créent le futur : construire sur l’héritage culturel

Claudia Lux a donner le ton au congrès avec son allocution d’ouverture.

Je retiens deux thèmes particuliers :

  • La formation des formateurs
  • la libre accès à l’information

Le premier, selon elle, est le meilleur outil de renforcement et de soutien à la clientèle élargie des bibliothèques, tandis que le second sera le nouveau modèle permettant de construire sur l’héritage culturel disponible. Et ce, sans que le copyright soit systématiquement invoqué pour empêcher l’accès à l’information.

A ce sujet, l’IFLA a mis au point une liste de 12 exceptions et limitations de base au copyright qui viendront soutenir les professionnels de l’information dans leur “rôle de médiateur de la connaissance fondé sur l’héritage culturel”.

Ensuite dîner en compagnie de nouveaux amis, Natalia et Alexander de la Bibliothèque présidentielle Boris Yeltsin. Ils bâtissent une bibliothèque entièrement numérique. Intéressant, échange de cartes d’affaire…

Cet après-midi, visite de la foire commerciale et je retourne à l’hôtel pour me pomponner en prévision de ma soirée à La Scala. Faut bien se gâter un peu…

jeudi 20 août 2009

Pnina Shachaf : Social reference and library reference services

Cette conférencière est : Assistant Professor of Library and Information Science, Université d’Indiana.

Elle présente les résultats d’une analyse comparative du service de référence à distance Wikipedia Reference Desk et le service offert par les bibliothécaires de référence de la bibliothèque de l’université.

Le constat qu’elle pose est que le service de WRD est aussi bon, sinon meilleur que celui offert par les bibliothécaires de référence.

Les facteurs qui peuvent expliquer ce constat sont probablement liés à la nature même du service comme elle l’explique

Comme cette étude a été faite en 2007, il serait sans doute intéressant de la refaire en 2009 pour vérifier si le nombre et la qualité des réponses ont pu se maintenir.

mercredi 19 août 2009

Ken Chad : Disrupting libraries, the potential for new services

Note : ce conférencier est un ex directeur chez Talis

Conférence très intéressante. Ken Chad fait un parallèle entre le marché des solutions de gestion intégrées pour bibliothèques et l’introduction d’un nouveau produit qui bouleverse un marché. Par exemple, la caméra Flip qui a considérablement alimentée le catalogue des vidéos de YouTube. 

Les bouleversements de marché sont souvent créés par de nouveaux produits qui se distinguent des autres. Mais cela n’arrive pas tout seul… Il y a des causes préalables à un marché sur le point de se rompre. C’est, selon Ken Chad, le cas du marché des systèmes de gestion intégrés de bibliothèques.

Les caractéristiques de ce marché en voie de rupture sont les suivantes :

  • produits indifférenciés : grosso modo, tous les produits font la même chose.
  • beaucoup d’acquisitions et de fusion entre les différentes sociétés gravitant autour de ce domaine. (on pense ici à Sirsi  et Dynix pour ne nommer que ceux là)
  • L’apparition d’un marché dit marginal (pour le moment). Les ILS Open Source attirent de plus en plus l’attention. KOA, EverGreen, LibraryThing  et une pléthore d’OPAC de type 2.0.

Selon Ken Chad, les bibliothèques correspondent au type d’organisation qui vont s’écrouler dans cette rupture de marché annoncée

Toujours selon lui, l’économie de l’information et de la connaissance change par la numérisation. Elle se dégage du physique. Elle est peu coûteuse et ne nécessite pas une force de main d’oeuvre considérable. Une petite organisation met en place une infrastructure technique et se sont les usagers qui bâtiront le contenu.

Et les bibliothécaires dans tout ca…

En affirmant  “its easier to face competition than obsolescence”, il suggère que la profession de bibliothécaire prépare mal ses professionnels aux défis que posent le concept de rupture du marché de la gestion de la connaissance. Étant né dans un marché de pénurie (scarcity) des compétences et des connaissances, les bibliothécaires sont voués à changer radicalement leur approche en innovant, au risque de disparaître complètement.

Les ressources pour l’innovation devront alors être prises dans le core business. Par exemple, prendre des ressources normalement alloués aux acquisitions de documents pour bâtir des applications répondant mieux aux besoins d’une clientèle qui elle a changé.

Ken Chad conclu en posant la question “est-ce que les bibliothécaires sont prêtes à cela?”

Première journée : keynote de Stephen Abrams

Le président de SirsiDynix aurait eu besoin de la matinée complète si on la lui avait donnée. Il devait avoir au moins une centaine de diapos dans son Powerpoint. Malheureusement, nous n’avons pas eu les documents à la fin de la journée et voici un court résumé de sa conférence. J’ai ajouté quelques commentaires.IFLA -Florence

Avec le style provocateur qu’on lui connait, M. Abrams a surtout posé des questions à l’auditoire après un convaincant plaidoyer sur la pertinence de l’existence des bibliothèques en 2009.

Il cite quelques études américaines au passage, qui affirment que les résultats scolaires des élèves américains sont supérieurs de 15 à 20% en investissant dans la bibliothèque plutôt que dans n’importe quel autre programme.

Services à distance

Selon lui, 99% des services se font à distance maintenant. Web 2.0 favorise ce contexte. Mais encore bien peu de bibliothécaires sont familier avec ses outils.

Pour interagir avec les usagers, il faut être au même niveau qu’eux?

Il m’a bien fait rire en disant tout haut “Interdire l’usage des téléphones cellulaires dans la bibliothèque n’est ni plus ni moins une déclaration de guerre au progrès”. C’est l’outil de base des 15 ans et +. Il est vrai que la plupart des applications web sont portées maintenant vers les plateformes mobiles et que d’ici 2 ans, plus personne n’aura un cellulaire classique mais plutôt un iPhone ou autres appareils du genre…

Selon lui, il ne faut pas attendre que tout le monde adopte une technologie avant d’offrir un nouveau service. La granularité de l’information contenu ou fournie par les bibliothèques est en train de changer vers un modèle qui n’est plus basé sur un numéro de périodique ou sur un livre complet mais bien sur un article ou un chapitre seul.

Gratuité des services

La gratuité d’autrefois n’est pas celle d’aujourd’hui et il cite l’exemple de Google Scholar qui selon lui est un moyen de vérifier la segmentation de l’auditoire pour vendre de la pub en ciblant un public universitaire se situant entre 17 et 30 ans. Devons-nous fier à une source dont la principale motivation est monétaire?

Il cite en exemple la campagne présidentielle d’Obama qui a versé un gros paquet d’argent à Google pour trafiquer les résultats de recherche en fonction de l’état d’où provenait la requête (géocoding)

Pourquoi les gens utilisent les bibliothèques maintenant?

Pour interagir et ultimement favoriser le succès. En trouvant réponse à leurs questions, la bibliothèque peut agir en médiateur qui favorise ce succès.

Selon lui, les thécaires  favorisent plutôt la résolution de leur problèmes et non pas ceux des usagers (encore une flèche dans notre direction)

Il faudrait faire attention à ne pas creuser l’écart qui semble déjà se creuser entre la génération qui fréquente la bibliothèque mais qui n’utilise pas les services sur place.

Il conclu en posant la question “quel est le risque de ne pas être en réseau avec les usagers?

Je ferai un autre billet avec des commentaires sur les autres présentations de la journée un peu plus tard.